Surveillée de près, l’évolution du Livret A laisse toujours apparaître quelques surprises ; c’est ainsi que, malgré son taux de rémunération qui s’établit toujours à un niveau assez bas, les chiffres relevés, au mois de janvier 2011, démontrent une nette progression des dépôts, ceux-ci atteignant même un montant record, lorsqu’il s’agit de les comparer aux résultats des deux années précédentes.
Ce regain d’énergie, faisant augmenter l’encours total de 3,76 milliards d’euros, est sans doute dû à l’augmentation de rendement dont ce placement a fait l’objet, le 1er août 2010, lui permettant ainsi d’afficher, à cette époque-là, un taux de rémunération de 1,75 %, après avoir passé une année entière à 1,25 %, pour connaître une nouvelle hausse, dès le 1er février 2011, le portant, cette fois-ci, à 2 %.
Selon Laëtitia Gabaut, membre de l’Observatoire de l’Epargne Européen, l’OEE, cette récente progression peut aussi expliquer le nouvel engouement des épargnants pour leur placement favori, même si l’inflation est venue, dans le même temps, réduire à néant les effets de ce mouvement, les investisseurs, comme elle le souligne, très justement, restant « sensibles au taux annoncé et peu au taux réel ».
Du côté des établissements bancaires, c’est le Crédit Agricole qui enregistre le plus d’ouvertures de Livrets A, durant cette même période, avec 129 048 nouvelles souscriptions, pour un volume de dépôts avoisinant les 820 millions d’euros, dans ce contexte où l’ouverture de la distribution de ce placement, à l’ensemble des prestataires de ce secteur, a permis de voir le total des dépôts croître de 34,1 milliards d’euros, permettant à l’encours de celui-ci de frôler désormais les 200 milliards.
En ce début d’année, le moral des Français ne s’est cependant pas amélioré, continuant même à se dégrader, face à un taux de chômage stagnant, poussant ainsi ceux-ci à épargner plutôt qu’à consommer comme l’avait prévu les spécialistes, même s’il est encore un peu tôt pour dresser le bilan d’une année qui ne fait que débuter.
Les tensions que connaît actuellement le monde arabe, contrairement aux prévisions faites avant que ces conflits n’éclatent, devraient conduire l’inflation à se poursuivre, entraînant avec elle, sans doute, une hausse du rendement du Livret A, pouvant mener celui-ci à 2,25 %, voire plus, d’ici à la fin de l’année.
Le placement préféré des Français, quelque peu délaissé, ces derniers mois, au profit des contrats d’assurance vie pourrait donc susciter, à nouveau, l’intérêt des épargnants qui tendent désormais à se détourner de cette autre formule d’épargne, dont les fonds en euros perdent, à l’heure actuelle, de leur attractivité, du fait de la baisse de rendement des obligations, qui les composent en grande partie.
Ayant toujours connu des moments plus ou moins fastes, le Livret A a toujours su reconquérir son public et semble être de retour dans une période favorable, et ce, malgré un contexte économique particulièrement incertain, puisque, comme le rappelle François Pérol, Président de la Fédération Bancaire Française, la FBF, « le déterminant fondamental de la collecte, c’est le taux ».